En 2013, Oulimata N’Dao, Lamine Ka et Mouhamadou N’dao se réunissent et créent l’association Suquali Diam Diam dans le but de répondre aux besoins primaires de ce petit village de la province de Kaffrine, en plein centre du Sénégal. À l’époque, 2000 personnes habitent l’endroit sans avoir accès à l’eau potable. Il y a bien un puits, mais son eau est impropre à la consommation. Les femmes passent en moyenne 5 heures par jour à aller chercher de l’eau dans les villages voisins. Mouhamadou, le président de l’association, s’est mis en quête de partenaires afin de réaliser un système d’adduction d’eau potable pour le village. Hydraulique Sans Frontières est contacté et se rend pour la première fois dans le village l’année suivante.
7 années de partenariat pluri-acteurs
En 2014, Patrick Erhrard et Philippe Galiegue, bénévoles HSF, se sont rendus sur le terrain afin de réaliser une première mission d’exploration. L’objectif était alors d’évaluer les besoins de la population locale en termes d’eau et d’assainissement. 8 ans plus tard, Diam Diam possède un accès à l’eau potable via un forage pompant l’eau dans les nappes phréatiques. Un réseau achemine l’eau jusqu’aux habitations et de nombreuses latrines ont été construites. Nous revenons aujourd’hui sur les différents impacts sociaux et environnementaux résultant de l’arrivée de l’eau dans le village.
Pour HSF, il a toujours été crucial de travailler avec des partenaires locaux. Au-delà d’apporter une connaissance du terrain et un regard indispensable à la réussite du projet, ces structures dynamisent grandement le tissu économique local. Dans le même temps, c’est la garantie de la pérennité de nos projets. Le jour où une réparation doit être faite, les partenaires ont les compétences pour la réaliser. C’est pourquoi nous remercions donc les nombreux partenaires qui ont cheminé aux côtés d’HSF durant toutes ces années.
HSF et l’association Suquali Diam Diam se sont entourés de l’Association Solidagro, de l'Office des Forages Ruraux (OFOR), du Service Régional de l'Assainissement, de Flex’eau, des autorités locales ou encore de Salam Construction. Momar Seck, employé par Hydraulique Sans Frontières, s’est chargé du pilotage des travaux et Mamadou N’dao, un habitant de Diam Diam, a été formé pour devenir le conducteur du forage.
Afin de conclure ces années de partenariat, une journée d’inauguration a eu lieu le samedi 5 février. Une bonne partie des habitants s’était rendue dans le centre du village afin d'assister aux différentes prises de parole en français et en wolof. Le président de l’association Suquali Diam Diam, monsieur N’dao partageait le micro avec le chargé du Préfet de la province de Kaffrine ainsi qu’avec les différents responsables des structures partenaires. Après toutes les interventions, on se dirige vers un branchement d’eau. On actionne le robinet. L’eau coule à Diam Diam.
Un nouveau souffle pour la vie locale
Plusieurs problèmes ont été résolus grâce au projet à Diam Diam. La DAL (Défécation à l’air libre) causait de nombreux problèmes de santé aux villageois. Aujourd’hui, les habitants sont moins confrontés aux maladies grâce au volet assainissement. Les latrines et les différentes sensibilisations aux gestes d’hygiène ont prouvé leur efficacité. Interrogée sur le sujet, l’infirmière du village dresse le constat de la diminution du nombre de maladies liées à ce problème. Son poste a lui aussi connu des changements. Avec l’eau et l'électricité, les accouchements se déroulent plus facilement. Avant, plusieurs personnes devaient se relayer afin de faire parvenir l’eau à l’infirmerie. Laver le corps du nouveau-né ou celui de la femme et leur procurer des soins étaient des tâches fastidieuses. Grâce à l’arrivée de l'électricité et de certains dispositifs de soin, une personne en détresse respiratoire peut être placée sous oxygène grâce à l’équipement électrique du dispensaire.
L’arrivée de l’eau facilite aussi la construction. Mamadou Lamine Ndao est ainsi revenu s’installer à Diam Diam et y a construit son épicerie. Plus récemment, deux ateliers de sidérurgie ont été ouverts. L'électricité et l’eau ont permis à Adama N’dao de construire son atelier. Il emploie 4 jeunes et peut réparer ou construire des pièces de métal pour tout le village. Non loin de son atelier, un moulin électrique broie le mil, le maïs et l’arachide. Le tissu économique tout entier s’est recomposé.
Les femmes, témoins du changement
Élément clé à toutes ces évolutions est le temps libre dont peuvent disposer les femmes. Elles ont été les plus impactées par les récents changements. Le temps qu’elles ne passent plus à aller chercher de l’eau est mis à profit pour se réunir au sein d’associations féminines afin d’organiser les élevages bovins et transformer le savon. Elhadji Ngary Ndao, le professeur d’arabe du village, leur apprend les bases de la comptabilité afin de tenir des étals sur les marchés aux alentours. Malgré le côté formel de ces rencontres, ce sont aussi des moments de vie et de partage où les femmes se retrouvent et entretiennent leurs relations humaines.
Lamine Ka, un éleveur du village, peut désormais compter sur les femmes pour travailler dans les champs. Avec ce temps gagné, l’agriculteur a diversifié son activité et presse lui-même son huile d’arachide. Les femmes peuvent la vendre 1200 francs CFA le litre au marché de Malem Hodar. Moussa, quant à lui, a pu racheter des bêtes augmentant ainsi considérablement le nombre d’animaux présents dans le village.
Il en résulte un véritable gain d’autonomie. Comme le témoigne Oulimata Ndao, qui s'investit beaucoup au sein de ces associations : “Les femmes ont plus de temps pour vaquer à d’autres occupations. Il est aussi plus simple pour elles de voyager vers Malem Hoddar ou Kaffrine, c’est un véritable gain de liberté. On choisit ce que l’on veut faire, on ne subit plus les corvées d’eau. Aujourd'hui, je suis active dans plusieurs associations et j'accompagne les femmes dans cette transition.”
Aujourd’hui, HSF se retire de la zone. On peut constater tout ce que l’arrivée de l’eau a changé pour ce petit village sénégalais. Les habitants, majoritairement les femmes, se libèrent et peuvent aider à la ferme, aller vendre des légumes sur les marchés des alentours, etc. Aujourd’hui, avec les différentes sensibilisations, formations et partenariats établis, le village a toutes les clés en main pour continuer son développement. Comme on dit en Wolof : “Diam Diam Nerna !”, Diam Diam c’est bien !