Dans le cadre du projet Projet d’alimentation en eau potable, et l’aménagement de latrines et accompagnement à la gestion sur la commune de Fanivelona, je me suis rendu à Madagascar du 20 mai au 5 juin pour contrôler le bon démarrage des travaux. C’est la première fois que je me rends dans ce pays, et j’ai hâte de le découvrir.
Le voyage en avion dure 15 heures, avec une escale à Paris entre Genève et la capitale, Antananarivo, appelée plus communément « Tana ».
Nous décollons de Paris avec 45 minutes de retard : le chargement des bagages a pris plus de temps que d’habitude, comme si l’on voulait déjà nous préparer au rythme malgache.
J’arrive à l’hôtel vers minuit. Sur le trottoir, des familles, emmitouflées dans des couvertures, dorment avec leurs enfants. Premier contact avec la pauvreté.
Le lendemain matin, je m’aventure dans les alentours de l’hôtel et m’immerge dans une rue où les trottoirs sont encombrés de stands vendant des produits ménagers, des ustensiles de cuisine et des vêtements. L’offre est peu variée, la majorité des produits venant de Chine.
Les passants doivent marcher sur la route, les véhicules se frayant un chemin entre la foule. Un vrai bazar !
L’après-midi, Miary et moi prenons la route pour un trajet de 170 km en 4×4 avec chauffeur, afin d’éviter les taxis-brousses, souvent bondés, lents et sans pause…
Il nous faut cinq heures, ce qui est plutôt satisfaisant étant donné l’état de la route. Le chauffeur slalome entre les nids-de-poule pour éviter les secousses, mais nous sommes tout de même bien secoués.
Je découvre un paysage vallonné d’une grande diversité de couleurs, entre les rizières, les champs, la végétation de plaine et celle de montagne. C’est magnifique !
La plupart des maisons sont modestes, construites en briques fabriquées localement. L’argile étant omniprésente, les habitations s’intègrent parfaitement dans le paysage.
Immersion sur le terrain
Le deuxième jour, départ à 5h du matin pour un trajet de 270 km. Les Malgaches sont déjà à pied d’œuvre : les paysans s’activent dans les champs, bien avant le lever du soleil.
Les paysages sont grandioses. La route devient souvent une piste, rendant la progression lente et difficile.
Par endroits, des enfants bouchent les trous de la route, espérant recevoir quelques pièces des chauffeurs de passage.
Beaucoup de Malgaches se déplacent à pied ou à vélo, souvent en mauvais état, mais ces vélos permettent d’aller plus loin, plus rapidement.
En chemin, nous passons un col : la végétation devient plus luxuriante et tropicale. C’est la saison des bananes, elles sont excellentes et vendues à des prix dérisoires.
Nous arrivons à Mananjary après 12h30 de trajet. Pour rejoindre Nosy Varika, à 80 km, il faut prendre un bateau : 9 heures de voyage, dans un confort rudimentaire et dans le bruit.
Finalement, nous optons pour la piste côtière, en moto, sur le sable. La progression est lente et extrêmement éprouvante. À deux reprises, nous devons charger les motos sur des pirogues pour traverser des embouchures de rivières se jetant dans l’océan.
Nous arrivons harassés à Nosy Varika, où nous logeons pour toute la durée du séjour dans un « hôtel » situé près du port, au bord de l’eau. Chaque matin, les bateaux nous réveillent à 5h.
Le confort est rudimentaire : l’eau chaude est chauffée au bois, ce qui demande de l’anticipation. L’électricité est disponible de 17h à minuit, et une fine mousse fait office de matelas.
Le village de Fanivelona
Pour rejoindre Fanivelona, la commune où se situe notre chantier, il faut 30 minutes de moto sur une piste boueuse. C’est le rituel du matin et du soir. Il faut rester prudent : de nombreuses ornières sont remplies d’eau.
Les maisons, rectangulaires et à pièce unique, sont construites sur pilotis, car la zone est inondable. Elles sont faites de matériaux naturels trouvés localement. Elles rappellent les habitations d’Asie du Sud-Est et s’intègrent harmonieusement dans l’environnement.
Leur toiture en feuilles de bananier tressées demande beaucoup d’entretien, si bien que certaines familles la remplacent par de la tôle. Ces maisons, appelées Ravinala, sont souvent accolées les unes aux autres.
Aucune voie de communication terrestre ne dessert les villages, mis à part des pistes impraticables pour les véhicules.
Par conséquent, les échanges économiques sont très limités. La population vit principalement de l’agriculture, notamment de la culture du riz, vendu à Mananjary, à 100 km.
Il n’y a pas d’électricité. En revanche, l’eau est abondante : il pleut 2500 mm par an et chaque village est proche d’un cours d’eau.
Le projet en eau potable, aménagement de latrines et accompagnement à la gestion
Notre projet consiste à équiper 11 fokontanys (quartiers ou villages) de la commune de Fanivelona avec 18 puits, et à en réhabiliter 4.
Il faut 8 heures de marche aller-retour pour atteindre le fokontany le plus éloigné. Les déplacements sont éprouvants à cause de la chaleur ; nous sommes soulagés lorsque la piste passe à l’ombre.
Les matériaux arrivent par bateau, au plus près des villages. Ensuite, les villageois les transportent à dos d’homme : 7 tonnes par puits, pour une profondeur de 10 mètres. Tout est creusé à la pelle et à la pioche.
Les Malgaches pratiquent souvent la défécation à l’air libre. Les croyances (les fadys) restent très présentes, surtout dans ces zones reculées.
Cependant, les mentalités évoluent. Je suis heureux de rencontrer un chef de fokontany qui construit des latrines communautaires.
La sensibilisation à l’hygiène et à l’assainissement sera essentielle. Nous travaillerons avec Hydeau, une structure qui connaît bien le contexte et la population.
Les écoles, les enfants, les impressions
Les enfants sont scolarisés. Arriver dans une école est toujours un moment très émouvant : les enfants vous accueillent avec des cris de joie, une vraie effervescence.
Le mobilier scolaire se limite à quelques bancs en bois pour les élèves et un bureau pour l’enseignant. Tout est en mauvais état. Le tableau n’est souvent qu’un vieux panneau de bois peint en noir.
Certains enfants portent des vêtements troués ou rapiécés.
Bien que le français soit enseigné à l’école, très peu le parlent réellement. Heureusement, j’étais accompagné durant toute la mission par Miary, notre collègue malgache, sans qui la communication dans les villages aurait été impossible.
Après deux semaines passées dans le pays, je retiens que, malgré la pauvreté et la rudesse du quotidien, les Malgaches sont résilients, souriants, et rient beaucoup.
C’est une grande leçon de vie.
Après deux semaines passées dans le pays, j’ai pu constater que malgré la pauvreté et la rudesse de la vie, les malgaches sont résilients, souriants et passent beaucoup de temps à rire.
C’est une grande leçon de vie
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